Message du Fils de l’Homme.
Avec quelle onction prononce-t-on de nos jours de mille manières ces paroles : « Le Christ a dit… ! » Cette introduction a pour objet d’écarter a priori toute discussion. Celui qui parle ainsi cherche également à dégager, de ce fait, sa propre responsabilité. Or, il endosse, au contraire, une responsabilité énorme… devant Dieu !
Mais il n’y pense pas jusqu’à ce qu’elle retombe sur lui avec une force qui, fatalement, le rendra muet pour toujours ! L’heure approche. Déjà les répercussions se mettent en marche. Pour de nombreux esprits humains, la plus grave de toutes résultera de ces paroles d’introduction : « Le Christ a dit ! »
Suit alors une phrase quelconque des « Saintes Écritures » censée servir d’apaisante consolation, de stimulant ou d’avertissement, voire même de menace ou de défense et d’incitation à la dispute. Elle est utilisée comme un baume, comme un glaive ou comme un bouclier ; on s’y abandonne béatement !
Tout cela serait, certes, beau et grand. Ce serait même juste, si les paroles citées possédaient encore le même sens vivant que leur donna le Christ en les exprimant en réalité.
Or, il n’en est pas ainsi ! Ce sont les hommes qui, d’eux-mêmes, composèrent nombre de ces paroles. Issues de souvenirs des plus défectueux, elles ne pouvaient donc rendre le sens exact des paroles du Christ.
Il vous suffit de voir comment cela se passe aujourd’hui. Celui qui veut expliquer un passage quelconque du Message qu’il a sous les yeux, imprimé et qui fut écrit par moi-même, celui qui veut expliquer avec ses propres paroles ou par des écrits en se basant uniquement sur son souvenir, n’arrive pas, déjà aujourd’hui à lui rendre son véritable sens. Une seconde bouche, une seconde plume, apportent toujours de nouvelles modifications. Les mots nouveaux altèrent le sens réel, le dénaturent même parfois, et ce malgré la meilleure volonté de prendre fait et cause pour la chose elle-même. Ce n’est jamais la parole que j’ai prononcée.
Et ce fut tellement plus grave jadis car les paroles du Fils de Dieu Lui-même n’étaient pas transcrites et tout ce qui fut transmis ne put l’être que de seconde ou de troisième main, longtemps seulement après que le Christ ait quitté la matière dense ! Tout fut construit par le souvenir humain défectueux : les écrits, les récits et toutes les paroles qu’avec assurance l’on s’est maintenant habitué à faire précéder des paroles : Le Christ a dit !
A cette époque déjà, l’œuvre de Lucifer qui consista à ériger en idole l’intellect humain avait, en se développant de façon funeste, préparé le terrain de telle sorte que les paroles du Christ ne pouvaient pas trouver la résonance propice à leur exacte compréhension. De la part des ténèbres ce fut un coup habile sans pareil. Car pouvoir saisir exactement toutes les paroles qui ne traitent point de la matière dense n’est possible qu’avec la collaboration sans réserves du cervelet – réceptacle de l’intuition – qui, à l’époque du Christ, était déjà fort négligé par tous les humains ; il s’était atrophié de sorte qu’il n’était plus en état d’exercer intégralement son activité.
De ce fait, Lucifer avait l’humanité terrestre en son pouvoir ! Et c’était là son arme contre la Lumière !
Seul le cervelet, réceptacle de l’intuition, donc la partie postérieure de l’encéphale, est en état de conserver des souvenirs sans les dénaturer. Cela n’est pas possible à l’intellect dont le siège est le cerveau !
C’est ainsi que le péché héréditaire, commis par l’humanité, se vengeait de façon radicale de cette même humanité qui, avec tant de légèreté, avait si gravement laissé s’atrophier le cervelet seul capable de conserver en tant que tels tous les événements et toutes les expériences vécues – en images et en intuition – de sorte qu’ils puissent à tout instant resurgir exactement tels qu’ils étaient réellement, inaltérés et même sans perdre de leur force.
Le cerveau n’a pas cette capacité étant donné qu’il est lié davantage à la notion physique d’espace et de temps et qu’il ne fut point créé pour recevoir, mais pour diffuser sur le plan terrestre.
C’est ainsi que les hommes retransmirent les récits de ce qui fut vécu et entendu pendant le passage du Christ sur Terre en y mêlant leurs considérations humaines et terrestres. Basées sur le souvenir uniquement, ces descriptions furent élaborées sur le plan matériel et cela de façon tout à fait inconsciente. Cependant, il y manquait la pureté avec laquelle un cervelet vigoureux aurait enregistré et conservé les récits. Les griffes des trabans de Lucifer avaient déjà trop profondément marqué leurs empreintes et tenaient irrémédiablement enserrés les esclaves de l’intellect de sorte qu’ils ne furent plus capables de saisir le sens profond du Message divin ni de retenir ce trésor éminent, leur seule possibilité de salut et ils durent le laisser passer sans l’utiliser.
Réfléchissez-y vous-mêmes. Il ne vous en coûtera pas beaucoup pour vous y reconnaître. Bien des êtres humains s’approchèrent du Christ pour Lui demander tel ou tel conseil. Et, dans Son grand Amour qui jamais ne faillit, ce fut bien volontiers qu’il le leur donnait : car II était l’Amour Vivant et II l’est encore aujourd’hui !
Il répondait donc de façon que Sa réponse fut utile à celui qui le questionnait et lui demandait conseil. Prenons un exemple :
Le jeune homme riche qui désirait savoir quel chemin pourrait le conduire au Royaume des Cieux ! Le Fils de Dieu lui conseilla de distribuer tous ses biens aux pauvres et ensuite de Le suivre !
Suivre le Christ ne signifie pas autre chose que vivre exactement selon Sa Parole.
Aussitôt, les gens qui l’entouraient prirent connaissance de cet évènement – comme de tant d’autres – pour le retransmettre de la façon purement humaine dont chacun, individuellement, l’avait enregistré. Et cela ne répondait que bien rarement, sinon jamais, au sens réel des paroles originales du Christ. Car ces quelques mots seulement, transmis sous une forme différente, peuvent déjà en altérer tout le sens.
Les premiers à les transmettre, cependant, se limitèrent à raconter, à faire de simples compte rendus. Ce fut plus tard seulement que ces conseils individuels donnés jadis furent érigés en lois de base pour toute l’humanité ! Mais cela fut l’œuvre de l’humanité et non pas celle du Christ Lui-même, le Fils de Dieu.
Et cette humanité eut plus tard l’audace d’affirmer simplement : le Christ a dit ! Elle Lui attribua ce que des hommes avaient gardé en mémoire, interprété à leur façon et formulé avec des mots qui, aujourd’hui, sont censés représenter pour les chrétiens la Parole de Dieu, seule valable et intangible.
Cela équivaut à un meurtre, mille fois répété, de la véritable Parole du Fils de Dieu !
Tout être humain sait très exactement qu’il n’est pas capable de décrire infailliblement, après des semaines et des mois écoulés, ce qu’il vécut jadis et ce qu’il entendit. Il ne peut jamais le répéter exactement, textuellement. Et s’il se trouve que deux, trois, quatre, ou même dix personnes aient été témoins du même fait, il y aura autant de descriptions différentes. Personne ne nourrit plus de doutes à ce sujet aujourd’hui.
Il semble évident que, sachant cela, vous devriez en tirer rétrospectivement des déductions concluantes et incontestables.
Car il n’en alla pas autrement à l’époque de la vie terrestre du Fils de Dieu ! Vous le voyez assez clairement dans les écrits des évangélistes ! Leurs rapports en portent visiblement et fréquemment l’empreinte. Un exemple : Pierre, en tant que premier disciple, après l’avoir reconnu, déclara au Fils de Dieu : « Tu es le Christ, Fils du Dieu Vivant ! »
Cette parole d’une signification si importante, de même que la réponse du Christ, sont transmises par les évangélistes ; mais pas sous une forme absolument identique. Matthieu fait allusion à la clé du Royaume des cieux qu’en réponse le Fils de Dieu remet symboliquement à Pierre. Il en fait le roc sur lequel se construira une communauté future. Les autres évangélistes, par contre, donnent à la réponse du Christ un sens plus général qui est plus juste.
Pierre fut le premier à exprimer sa conviction en paroles. Et des événements de cet ordre ne demeurent pas seulement des mots ; dans la création ils deviennent aussitôt des actes ! Dans la matière subtile, ils prennent forme très vite et même immédiatement !
La conviction sincère que Pierre ancra ainsi dans la matière par ses paroles, sa profession de foi, devinrent au même instant, dans la matière subtile, ce roc qui demeura la pierre fondamentale pour l’édification d’une communauté future, pour tous ceux qui, avec une conviction honnête et simple, identique à la sienne, deviendront capables de croire au Fils de Dieu !
De ce fait Pierre tenait dans sa main la clé du Paradis. Car cette conviction que Jésus est le Fils de Dieu comporte tout naturellement aussi l’aspiration de vivre d’après Sa Parole. Or, pour tout être humain, cette aspiration est en même temps la clé du Royaume céleste ! Cette profession de foi est la clé à condition que l’être qui professe ainsi sa foi accueille sans altération la Parole de Dieu en lui, qu’il la comprenne exactement et vive d’après elle. Le Christ connaissait ce processus qui, conforme aux lois de la création, s’accomplit dans la matière subtile à la suite des paroles convaincues de Pierre. Il l’expliqua clairement aux disciples. La conformité aux lois des processus se déroulant dans la matière subtile est également bien connue de tout lecteur de mon Message.
Pierre, le premier à exprimer sa profession de foi après l’avoir intuitivement vécue et éprouvée, fut également le premier qui, de ce fait, reçut les clés du Paradis. Et il ouvrit ainsi en même temps le Royaume du Ciel à celui auquel il put, plus tard, transmettre cette même conviction. Mais le Royaume demeura nécessairement fermé à tous ceux qui ne voulurent point partager sa conviction. Tout cela constitue un processus très naturel et auto-actif, clair et simple, qui n’est point lié à Pierre ni dépendant de lui.
Le Christ ne voulait ni ne pouvait donner comme fondement à une communauté rien d’autre qu’une conviction de cet ordre ; mais non pas une personne ! Ce fut précisément Pierre qui, le premier, exprima sa foi avec une conviction réelle. C’est cette conviction qui modela, forma et devint le roc. Mais non Pierre en tant que personne !
Or, Matthieu, en transmettant la réponse du Christ selon son propre point de vue, lui donne un sens purement personnel, concernant uniquement Pierre.
Matthieu, précisément, comprit mal bien des choses et les transmit avec insouciance, transposées à sa façon. Il dit par exemple au début de ses écrits :
Matthieu 1.21 (Annonce de l’Ange à Joseph) :
« Et elle enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jésus ; car c’est lui qui lavera son peuple de ses péchés. »
Et Matthieu en conclut aux versets 22 et 23 :
« Or, tout cela arriva afin que s’accomplît ce qu’avait dit le Seigneur par la bouche de son prophète : « Vois, une vierge sera enceinte et elle enfantera un fils et ils lui donneront le nom d’Imanuel, ce qui signifie « Dieu avec nous ! »
Ici, Matthieu veut expliquer la prophétie d’Isaïe et la relier étroitement à la naissance du Fils de Dieu. Il le fait d’une façon qui démontre par trop nettement que, dans ses écrits, il ne laisse parler que sa propre conception personnelle, qu’il ne demeure donc pas objectif. Cela aurait dû servir d’avertissement à chacun : à savoir que ses
écrits ne doivent pas être considérés comme étant la Parole de Dieu, mais seulement l’opinion personnelle de l’auteur !
Par exemple : Matthieu ne voit même pas la différence existant entre l’annonce faite par Isaïe – qu’il cite lui-même – et celle de l’Ange mais les mélange toutes deux avec une candide innocence parce que lui-même l’imagine ainsi, sans se soucier si l’interprétation qu’il donne est exacte. Il ne voit même pas que les noms cités sont différents.
Or, ce n’est certes pas sans motif qu’ils furent définis avec cette précision !
Isaïe annonce « Imanuel » ; l’Ange, par contre, annonce « Jésus » ! Ce n’est donc pas Imanuel qu’enfanta Marie et, en conséquence, ce n’est pas non plus celui qu’annonça Isaïe !
Isaïe annonça « Imanuel » le Fils de l’Homme ; mais l’Ange annonça « Jésus » le Fils de Dieu ! Ce sont deux annonciations nettement différentes qui exigent deux accomplissements différents devant nécessairement être réalisés par deux personnes différentes. Une confusion des deux événements est impossible. Elle ne peut être retenue par la volonté humaine qu’intentionnellement, en éludant toutes les données de base.
Les intentions de Matthieu n’étaient en l’occurrence pas mauvaises. Il ne faisait que transcrire avec insouciance son opinion simpliste. Il est très compréhensible qu’il ait pu lui arriver d’associer les deux annonciations, étant donné qu’à l’époque, plus qu’aujourd’hui, l’on attendait avec impatience les accomplissements des promesses faites par les anciens prophètes et que l’on vivait dans leur attente fervente. Il ne soupçonnait pas que son erreur serait à l’origine d’un désastre par suite d’une confusion encore plus grande.
Je n’ai pas besoin d’insister ici sur l’accomplissement de l’annonciation concernant « Imanuel » car j’en ai déjà parlé plusieurs fois de façon détaillée dans mon Message.
Du temps de Jésus, l’incompréhension était donc exactement ce qu’elle est aujourd’hui ! Lui-même se plaignait bien assez souvent que ses disciples ne le comprenaient pas ! Qu’ils ne pouvaient pas le comprendre ! Croyez-vous qu’il en fût autrement lorsqu’il ne séjourna plus parmi eux ?
« L’Esprit descendit sur eux par la suite » rétorquent à cela de nombreux êtres humains qui pensent peu, voire même ne pensent pas du tout ! Mais l’Esprit ne modifia pas du même coup les déficiences du cerveau. Or, les faibles considèrent une telle manière de penser comme un péché. Leur attitude n’est cependant qu’une excuse pour leur paresse d’esprit qu’ils espèrent pouvoir masquer de cette façon.
Bientôt cependant, vous vous réveillerez de la tiédeur de pareilles pensées ! « Mais quand le Fils de l’Homme viendra »… expliqua Jésus, avertissant, menaçant. Songez-y lorsque viendra l’heure de la proclamation par laquelle le Seigneur Lui-même révélera qu’il a envoyé sur terre le Fils de l’Homme ! Songez que c’est ainsi que le Christ menaça toute l’humanité paresseuse en esprit !
Or donc, lorsque jadis Jésus dit au jeune homme fortuné qu’il devait donner tous ses biens aux pauvres, cela n’était utile que pour lui seul ; car c’était lui qui demanda : « Que dois-je faire, moi… ? » Et c’est à lui que le Christ répondit. Cette réponse n’était pas valable pour l’humanité tout entière dans ce sens-là !
Ce conseil était utile au jeune homme fortuné personnellement. Au milieu des agréments que lui procuraient ses richesses, celui-ci était trop faible pour se ressaisir intérieurement. C’est pourquoi la fortune constituait pour lui une entrave à l’ascension de son esprit ! Le meilleur conseil que pouvait lui donner le Christ en l’occurrence était naturellement celui qui éliminait tout ce qui empêchait cette ascension. Dans ce cas précis, c’était la richesse qui entraînait le jeune homme vers la facilité.
Mais c’était là l’unique raison. Cela ne signifie pas qu’un être humain ne doive point avoir de fortune !
Un homme qui n’amasse pas inutilement ses biens dans le but de se procurer à lui-même plaisirs et agréments mais qui les utilise judicieusement, les faisant valoir dans le bon sens, sachant les transformer pour la prospérité d’autrui, a une valeur beaucoup plus grande, est bien plus élevé que celui qui les distribue à tout venant. Il occupe une place plus élevée et contribue davantage à la promotion de la création.
Grâce à sa fortune, un tel homme est en mesure de procurer du travail à des milliers d’individus pendant leur existence entière. Il leur donne ainsi la conscience de pourvoir personnellement à leur propre entretien, ce qui agit sur l’esprit et le corps en les affermissant et en les faisant évoluer. Mais il faut naturellement maintenir une stricte alternance entre le travail et le repos et donner une juste rétribution pour tout travail fourni. Une compensation rigoureusement exacte doit être respectée !
Cela maintient dans la création le mouvement qui est indispensable à l’assainissement et à l’harmonie. Les dons pour lesquels on n’exige pas de contre-partie n’amènent, conformément aux lois de la création, que stagnation et perturbation. Cela se manifeste en toutes choses, même dans le corps humain où le manque de mouvement provoque un épaississement et une stagnation du sang car seul le mouvement rend plus libre la circulation et plus pur le sang.
Cette loi du mouvement nécessaire, l’homme la rencontre partout, sous de multiples formes, mais dans son principe elle reste toujours égale à elle-même. Elle réside en chaque cas particulier et s’intègre cependant, suivant la loi de la fonction de réciprocité, dans la création entière, à travers tous ses plans. L’esprit lui-même est soumis sans interruption à l’exercice de cette loi s’il veut subsister, s’il veut conserver sa forme intégrale et poursuivre son ascension.
Rien n’existe sans cette loi ! Le mouvement est partout, dans la compensation absolue du « donner » et du « recevoir ».
Ce n’était pas un principe à généraliser qu’établit le Fils de Dieu dans ce conseil donné au jeune homme riche. Car ce conseil s’adressait uniquement à lui, ou encore à ceux qui lui ressemblent et qui, comme lui, sont trop faibles pour dominer la richesse. Celui qui se laisse dominer par la richesse ne doit pas la posséder ; car elle n’est d’aucune utilité pour lui. Seul celui qui la domine la verra prospérer en ses mains ; et celui-là doit la posséder, car il sait s’en servir pour lui et pour beaucoup d’autres étant donné qu’il maintient ainsi le mouvement et la progression dans la création.
Or, cela ne se produit jamais, ou très rarement, par le don gratuit. Bien des êtres humains ne sont éveillés et mis en mouvement que par la misère. Dès qu’un secours étranger leur parvient trop vite, ils se relâchent et se fient à cette aide. Ils sombrent ainsi spirituellement, étant donné que d’eux-mêmes, sans impulsion extérieure, ils ne peuvent se maintenir en mouvement. Ils végètent alors sans but. Ils passent souvent tout leur temps à rechercher ce qu’ils peuvent critiquer chez les autres – sans voir les mêmes défauts chez eux-mêmes – et à désirer ce que les autres possèdent. Grâce à des dons unilatéraux, on élève une génération paresseuse, inapte à la vie saine et joyeuse et, de ce fait, malfaisante pour la création entière !
Telle n’était pas l’intention contenue dans le conseil donné au jeune homme riche.
D’ailleurs, le Fils de Dieu ne s’éleva jamais contre la richesse elle-même mais uniquement contre les hommes riches dont la richesse avait endurci le cœur et étouffé toute compréhension pour la détresse des autres, contre ces hommes qui sacrifièrent leur esprit à la richesse, qui n’avaient d’autre intérêt qu’elle et se laissaient entièrement dominer par elle.
Par les visites qu’il rendait dans les demeures opulentes qu’il fréquentait amicalement et où II pouvait aller et venir librement, le Christ prouva bien que Lui-même ne dédaignait ni ne réprouvait la richesse.
Lui-même n’était pas pauvre ainsi que, singulièrement, on l’admit si souvent. Il n’y a aucune raison valable motivant l’hypothèse de sa pauvreté à peu près généralement acceptée.
Le Christ ne connut jamais les soucis du pain quotidien. Il naquit dans des conditions que l’on nomme aujourd’hui de bonne bourgeoisie, ce terrain étant précisément le seul qui fût encore demeuré le plus sain. Il ne comportait ni l’hyperdéveloppement des classes fortunées et des milieux de la noblesse, ni l’amertume des classes ouvrières. Le choix de son milieu avait été fait avec un soin précis. Joseph, le charpentier, pouvait être qualifié d’homme aisé. Il n’était nullement pauvre.
Si le Christ naquit dans l’étable de Béthléem, ce fut uniquement la conséquence de l’encombrement de la localité de Béthléem, dû au recensement populaire qui imposa ce déplacement à Joseph. Simplement, celui-ci ne trouva plus à se loger dans les hôtelleries ainsi que cela peut se produire encore facilement de nos jours dans des manifestations toutes particulières. Tout cela n’avait aucun rapport avec la pauvreté. Dans la maison de Joseph, il y aurait eu des chambres meublées dans le goût des bourgeois aisés de l’époque.
Et le Christ n’était pas non plus contraint de vivre dans la pauvreté ! Cette notion naquit uniquement de la constatation que Celui qui était issu de Dieu n’avait aucun goût pour les richesses matérielles qui dépassent les nécessités terrestres de la vie. La mission qu’il était venu accomplir ne comportait rien de terrestre : elle ne valait que pour le spirituel !
L’allusion du Christ à la fraternité des hommes, les disant « frères et sœurs », est aujourd’hui également mal comprise. Comme elle est malsaine sur le plan terrestre en ce qui concerne les idées communistes, doucereuse et répugnante par rapport à la religion. Elle prépare directement le terrain aux ténèbres. L’interprétation actuelle entrave en effet absolument la libre aspiration de chaque esprit humain voulue par Dieu. Un ennoblissement ne peut jamais s’ensuivre. Une fois encore, tout cela ne constitue que des caricatures malsaines de ce que voulait le Christ.
Lorsqu’il disait que les hommes étaient tous frères et sœurs, Il était bien loin de penser aux multiples aberrations qui, aujourd’hui, sont issues de ce propos. Il éclairait ainsi l’opinion de l’époque où l’immoralité de l’esclavage était en pleine floraison, époque où l’on donnait ou vendait les êtres humains, les considérant ainsi comme dépourvus de volonté personnelle !
Or, les hommes sont frères et sœurs en esprit, de par leur origine. Ils sont des esprits humains qui ne doivent pas être considérés comme des objets sans volonté propre, car chaque esprit humain porte en lui la faculté d’une volonté consciente d’elle-même.
Telle était l’intention du Christ en prononçant ces paroles. Jamais il ne s’est agi de cette égalité des droits que l’on veut y discerner aujourd’hui. Certes, nul esprit humain n’entrera au Paradis du seul fait qu’il a le droit de se nommer un esprit humain. Il n’y a point ici d’égalité de droits au sens général. Les conditions de maturité jouent un rôle déterminant. Il faut d’abord que l’esprit humain accomplisse et exécute tout ce qu’il est capable de donner de par son aspiration au bien. Ce n’est qu’ainsi qu’il atteindra la maturité qui peut lui rendre le Paradis accessible.
Des lois d’airain régissent la création. Jamais elles ne pourront, dans leur origine, être bouleversées ni déplacées par la désignation de frère et sœur. Cela vaut également pour la terre ! La rigueur avec laquelle le Fils de Dieu commanda de séparer le temporel du spirituel – tout en marquant cependant l’obligatoire accomplissement des devoirs civiques – se retrouve clairement dans son injonction : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ! »
C’est ainsi qu’en les transmettant, les hommes déformèrent bien des phrases et des récits de la Bible selon leurs propres opinions.
Tous ces scribes, cependant, n’avaient pas l’intention d’établir des lois devant faire autorité pour l’humanité entière ; ils ne faisaient que des rapports.
On ne saurait tenir rigueur aux hommes terrestres d’alors – pas plus qu’aux disciples du Christ – de n’avoir point compris une partie des paroles du Fils de Dieu, ce qui souvent Le rendait si triste. C’est avec le meilleur vouloir que les auditeurs d’alors transmirent plus tard, tel que leur mémoire l’avait conservé, tout ce qu’ils avaient cru comprendre, et ce selon un malentendu qui leur fut propre. En raison même des motifs déjà invoqués, ces souvenirs ne doivent pas être considérés comme intangibles.
Mais ce qui est impardonnable, c’est que, plus tard, des hommes s’arrogèrent le droit d’affirmer simplement, avec une audace téméraire : le Christ a dit ! Ils attribuèrent ainsi, sans plus, et avec assurance au Fils de Dieu Lui-même les conceptions erronées des hommes, les produits d’une mémoire humaine défectueuse, ceci rien que pour être en état de fonder et de soutenir – à des fins égocentriques – un système de doctrine dont les lacunes devaient, dès l’origine, faire nécessairement apparaître, pour un homme pourvu d’intuition vivante, la fragilité de tout l’édifice vermoulu. Par la suite, seule l’exigence d’une foi aveugle permit de masquer les innombrables vices de la construction.
Ils ne se maintinrent – et ne se maintiennent encore aujourd’hui – que par l’exigence rigoureuse d’une foi aveugle et grâce aux incisives paroles : Le Christ a dit !
Or, cette parole, cette affirmation intéressée devra se transformer pour eux en un épouvantable jugement ! Car cela est faux, tout aussi faux que l’est l’arrogante prétention affirmant que la crucifixion du Christ fut voulue par Dieu afin de laver – grâce à ce sacrifice – tous les péchés des hommes ! L’avenir apprendra à l’humanité à reconnaître tout ce que comporte cet impudent sacrilège qui consiste à dénaturer le meurtre commis sur la personne du Fils de Dieu avec une arrogance humaine aussi incroyable. L’humanité en éprouvera sur elle-même les effets.
Malheur aux hommes qui assassinèrent jadis le Fils de Dieu sur la croix. Mais cent fois malheur à vous qui, après cela, l’avez – des milliers de fois – cloué à la croix dans Sa Parole, et qui, aujourd’hui encore, ne cessez journellement, à chaque heure, de L’assassiner ! Un terrible jugement s’abattra sur vous !